VIE SOCIALE


Une grande part des difficultés identifiées dans la vie sociale des personnes DV relève comme dans tout handicap de l’interaction des conséquences handicapantes de l’atteinte visuelle et de l’inadaptation de l’environnement. Mais dans le champ de ce handicap, elles sont fortement majorées par sa méconnaissance par les différents acteurs de la société, notamment le  grand public. Cette méconnaissance porte tant sur les possibilités et limites d’une personne malvoyante que sur le fait que dans la majorité des cas, une atteinte visuelle même sévère ne se voit pas. Seule bien souvent, la cécité est identifiée et encore… De surcroit, les personnes atteintes d’une DV sévère souffrent de façon importante du clivage historique entre cécité et malvoyance d’une part, atteinte congénitale et acquise, d’autre part.

Accessibilité

  • Déplacements 
    • Conduite automobile 

Lorsqu’elle a pu obtenir le permis de conduire en amont de l’atteinte visuelle, c’est une des premières limites que rencontre une personne présentant une déficience visuelle. En effet, avant même d’intégrer les critères de l’OMS, une atteinte visuelle modérée interdit théoriquement la conduite automobile. Ce premier interdit dans une société où la conduite est bien souvent synonyme de liberté individuelle représente une vraie limitation à la vie sociale. De surcroit, ne pouvant être imposée à la personne, ni par son ophtalmologiste traitant ni par son médecin généraliste, elle demande une prise de conscience personnelle et souvent très difficile pour la personne surtout si l’atteinte visuelle a été progressive. Un accompagnement par une équipe pluridisciplinaire spécialisée dans la DV peut alors grandement aider la personne dans cette prise de conscience nécessaire tant pour elle que pour la collectivité.

Elle explique par ailleurs toutes les difficultés d’accès aux différents services quels qu’ils soient, que rencontre obligatoirement toute personne atteinte de déficience visuelle.

    • Déplacements piétons

Dans ce champ-là, il importe d’insister tout particulièrement sur l’utilisation de la CB dont l’utilité dans la malvoyance est la plupart du temps totalement ignorée. En effet, contrairement aux « idées véhiculées », CB n’est pas synonyme de cécité, mais de malvoyance. Or, la majorité des personnes présentant une DV relève de ce champ. Aussi, outre la difficulté d’acceptation de cette canne qui stigmatise le handicap, les personnes n’ayant  besoin de la canne que dans certaines circonstances n’osent l’utiliser par peur de « tromper le monde » et de provoquer des réactions inappropriées de l’entourage. Cet état de fait est très grave, car il prive nombre de personnes déficientes visuelles de l’accès à un outil technique d’une grande utilité.

    • Déplacements en transport en commun ( bus, métro)
    • Train
    • Avion

Dans ces trois derniers champs, nous relèverons :

    •    l’inadaptation de l’accès à l’information;
    •      la méconnaissance des personnels susceptibles d’orienter les personnes DV, ce parmi même les services d’accompagnement mis en place ;
    •     l’absence presque totale d’annonce sonore dans la majorité des transports qui de surcroit serait très utile à d’autres public, tels personnes âgées, touristes…

La vraie problématique liée aux déplacements des personnes déficientes visuelles représente une des causes princeps de leur perte d’autonomie pouvant aboutir à un isolement total, voire  à une vraie désocialisation. 

  • Accès aux différents services publics, notamment administratifs et privés:

La difficulté d’accès à ces différents services relève en majorité de la méconnaissance par les professionnels de ces services de la difficulté d’accès à tout document écrit pour les personnes déficientes visuelles. La preuve en est que lorsque l’on se penche sur cette question, la solution débouche le plus souvent sur une traduction en braille, alors que c’est le grossissement des caractères et l’optimisation du contraste des textes écrits sur les documents qui apporterait bien souvent les meilleures réponses (couplée avec la traduction en braille en ce qui concerne les personnes aveugles formées au braille). Des personnels sensibilisés à ce handicap pourraient eux aussi apporter des réponses pertinentes.

  • Accès à la santé

Nous avons tous conscience que le domaine de la santé est potentiellement générateur de stress pour toute personne. Il est donc facile de comprendre que l’altération de la communication non verbale liée à l’atteinte visuelle puisse majorer fortement cet état de fait.

Par ailleurs, il convient de pointer aussi dans ce domaine la grande difficulté et même le risque grave d’erreur de  prise médicamenteuse du fait de l’augmentation des médicaments génériques.

Dans ce champ, il importe enfin de s’arrêter sur l’accès aux toilettes publiques, toujours très délicat  pour toutes les raisons détaillées dans l’analyse du GEVA.

 Achats

Dans tout ce qui concerne ce champ, peu d’adaptations sont faites en dehors de quelques distributeurs adaptés.

Notre société étant orientée fortement sur le « canal visuel », tout est très compliqué pour une personne malvoyante. Afin d’illustrer ce propos, nous donnerons quelques exemples :

ü  Peu de repères non visuels dans les magasins;

üChangements réguliers de rayonnage des produits, aggravant encore la possibilité d’identification des produits;

ü  Eclairages inadaptés;

ü  Grande difficulté dans le règlement des achats si la personne n’a pas effectué une réadaptation appropriée…

Accès aux loisirs et à la culture

L’accès aux loisirs quels qu’ils soient n’est pratiquement jamais étudié sous l’angle de la déficience visuelle. Pour illustration, nous citerons :

  • Les musées de peinture où il est le plus souvent incompris qu’une personne déficiente visuelle souhaite admirer un tableau, car, son potentiel visuel si faible soit-il  peut lui permettre soit avec un système optique, soit  en vision très rapprochée d’appréhender la beauté d’un tableau.
  • Les musées ou expositions où il est très rarement envisagé de passer par d’autres canaux sensoriels que le visuel afin de permettre à ces personnes d’y accéder.
  • Tout le secteur du tourisme offrant malheureusement très rarement des adaptations pour personnes déficientes visuelles

Par contre, il importe de souligner ici les efforts dans le domaine du cinéma en ce qui concerne les films en audio description ainsi que toute la richesse culturelle que peut retenir ce public de l’extension de la médiatisation des livres en support vocal auxquels de grands acteurs on prêté leurs voix.

Relations sociales

Dans ce champ là, nous insisterons sur l’impact de l’altération de la communication non verbale liée à l’atteinte visuelle qui témoigne du rôle social de la vision. Cet impact se retrouve de façon prégnante dans la plupart des réunions familiales ou amicales, les repas au restaurant. Dans ce lieu se surajoute aussi l’impossibilité d’accès à la carte et parfois même la crainte réelle de ne pouvoir manger correctement.

Dans ce domaine, il nous faut pointer tout l’impact des possibles erreurs vestimentaires (vêtements tâchés ou mal coordonnés), d’un maquillage rasage ou coiffure inapproprié, ce, en raison de l’atteinte visuelle. En effet, ces erreurs pourront notablement influencer dans ce riche domaine de l’échange social, tout le champ de la séduction mais aussi celui de l’arrêt sur image avec son interprétation de  l’apparence physique si importante dans notre société.

Vie quotidienne

Les difficultés dans ce champ sont en lien direct avec les différentes incapacités décrites précédemment (c.f. étude analytique). Nous rappellerons cependant qu’un nombre non négligeable de personnes déficientes visuelles se nourrissent exclusivement de plats tous faits, de plats surgelés voire de sandwich, en raison justement de leur atteinte visuelle.