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La vision

Le sens de la vue avec lequel nous appréhendons le monde occupe une place prédominante parmi nos cinq sens (vue, audition, toucher, gout, odorat), car selon l’activité que nous effectuons  60 à 90% des informations que nous recevons sont d’ordre visuel. Ces informations reçues sont ensuite transformées en vision par le cerveau.

Aussi, afin de mieux comprendre les difficultés de la personne que vous accompagnez, nous allons vous proposer quelques explications. Ces explications vont concerner :

  • La définition de la vision;
  • La définition de la déficience visuelle;
  • Le rôle de la vision;
  • Les conséquences d’une atteinte visuelle;
  • Quelques conseils pratiques.

La définition de la vision

La vision ne se résume pas à la vision de loin qui se mesure (le plus souvent chez l’ophtalmologiste) par la lecture à une distance bien déterminée de lettres ou de chiffres et se traduit par la détermination d’un chiffre d’acuité visuelle. Sa définition est beaucoup plus compliquée car elle comprend d’autres éléments  comme :

  • La vision de prés qui s’étudie par la lecture d’un texte en vision rapprochée;
  • Le champ visuel qui correspond à l’environnement  perçu c'est-à-dire à l’étendue d’espace que l’œil immobile peut embrasser;
  • La vision des couleurs;
  • La vision des contrastes qui se définit comme la différence de visibilité entre le fond et l’objet, (ex : riz présenté dans une assiette blanche ou dans une assiette bleu-marine);
  • La vision du relief (c'est-à-dire la vision en 3D);
  • La sensation à l’éblouissement, liée aux modifications rapides de luminosité (ex : phares de voiture) ; cette sensibilité est souvent exacerbée (particulièrement importante) chez une personne malvoyante.

De plus, la « performance visuelle », dépend très fortement de l’ambiance lumineuse (Moment de la journée, temps qu’il fait, lumière artificielle  …), de la variation de cette ambiance lumineuse et du degré de « fatigabilité » de la personne.

Tous ces éléments expliquent la difficulté à définir la malvoyance et à la comprendre.

La définition de la déficience visuelle

La déficience visuelle est le stade final d’une atteinte visuelle  lorsque les différents traitements (médicaux, lasers, injections, chirurgicaux) ont été épuisés (ou sont parfois  encore nécessaires afin d’empêcher une aggravation encore plus importante de l’atteinte visuelle).

La déficience visuelle se définit en utilisant le plus souvent la définition de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui s’appuie sur la détermination de  l’acuité visuelle de loin avec  correction, (avec les restrictions données précédemment concernant l’acuité visuelle). On parle ainsi de déficience visuelle lorsque l’acuité visuelle ne dépasse pas 3/10 sur l’œil le meilleur (et/ou quand le champ visuel présente une atteinte sévère). La cécité légale est définie en France par une acuité visuelle corrigée inférieure à 1/20.

La population totale de personnes déficientes visuelles en France est proche de 2 millions de personnes dont les 2/3 sont âgées de plus de 65 ans. Parmi ces personnes, notamment les plus âgées, l’atteinte visuelle peut s’accompagner d’autres atteintes physiques dont les répercussions vont se combiner avec celles liées à l’atteinte visuelle. Grâce aux progrès de la médecine, le nombre de personnes aveugle a diminué mais le nombre de personnes malvoyantes augmente régulièrement en raison du vieillissement de la population.

Le rôle de la vision

La vision joue un rôle important et ce, dans de nombreux domaines :

  • L’information;
  • La communication;
  • Les  gestes de la vie quotidienne : en effet, la précision de nos gestes (comme se servir à boire par exemple) relève d’un travail de coordination entre l’œil et la main ce qui explique que les personnes malvoyantes sont souvent maladroites;
  • Les déplacements : l’altération  de la vision joue à la fois sur la difficulté à analyser correctement notre environnement, discerner les obstacles mais aussi sur notre équilibre;
  • Enfin, la vision joue aussi un rôle dans :
  • La régulation de la durée et de la qualité de nos phases de vigilance (jour) et de sommeil (nuit);
  • La voie  du bien- être et de l'estime de soi, influant  sur notre humeur et notre état psychologique.

Les conséquences d’une atteinte visuelle

Du fait de ce rôle complexe de la vision, les conséquences fonctionnelles de l’atteinte visuelle (outre le degré de cette atteinte visuelle) vont dépendre en premier lieu de la pathologie en cause, qui peut provoquer : 

  • une atteinte de la vision centrale, ex : DMLA
  • une atteinte de la vision périphérique, ex : rétinopathie pigmentaire, glaucome
  • une vision globalement floue, ex : myopie forte
  • une vision parcellaire, ex : rétinopathie diabétique
  • une difficulté de compréhension de la scène visuelle ce, surtout dans les atteintes cérébrales.

Ainsi, la pathologie va pouvoir entrainer de façon schématique des conséquences différentes au regard du caractère de cette atteinte qui donnent de façon théorique 4 ou 5 grands tableaux de signes fonctionnels.

Mais, dans la réalité pratique d’accompagnement d’une personne, il faut tenir compte d’autres éléments comme : le mode d’apparition de la pathologie visuelle, son évolutivité, le fait qu’elle soit unique ou complexe, l’existence d’autres pathologies générales associées, l’âge de la personne, son milieu de vie socio-professionnel … qui vont s’intriquer avec l’atteinte visuelle et modifier le tableau théorique.

En conclusion, une personne non voyante ou malvoyante peut continuer à effectuer différentes activités mais toutes ces actions deviennent lentes, coûteuses en énergie et source de perte d'autonomie. Une personne qui présente une atteinte visuelle sévère  peut ainsi exprimer des difficultés comme : une incapacité ou une appréhension à se déplacer, des difficultés à effectuer les activités domestiques, à lire son courrier, un repli sur soi généré par la peur de l’accident ou de la chute...

Cette multiplicité des rôles de la vision explique la complexité des moyens à mettre en œuvre. Il ne s'agit pas d'apporter une solution dans un domaine bien défini mais de permettre la réalisation d’un ensemble d'activités spécifiques à chaque sujet et à son propre projet de vie. Chaque projet se doit d’être unique et personnalisé.

      Quelques conseils pratiques pour le domicile

Un bon environnement lumineux est nécessaire à toute heure, d’où :

  • Préférez les interrupteurs à variateur de lumière;
  • Evitez les éclairages éblouissants tels que les ampoules sans abat-jour;
  • Diminuez les lumières intenses venues de l’extérieur en utilisant stores et rideaux;
  • Evitez les zones d’ombre, surtout dans les escaliers, sur les plans de travail et dans les placards, au-dessus de la table de « repas »;
  • Par principe, optez pour un éclairage général indirect (ex : par des appliques murales dirigées vers le plafond) et un éclairage d’appoint (ou ponctuel) par activité;
  • Privilégiez les éclairages à tube fluo pour les travaux manuels et ménagers procurant une large plage d’éclairement, et les lampes halogènes basse tension pour les taches précises, localisées (lecture, écriture, couture, etc.).

Des contrastes renforcés améliorent la distinction des objets en complément d’un éclairage adapté et ainsi :

  • Tranches des étagères, marches d’escalier, plinthes, contours de plan de travail, de sanitaires, d’interrupteurs et de prises bien soulignés gagnent en clarté;
  • Le contraste peut aussi être tactile avec des revêtements rugueux, veloutés, satinés ou rêches… 

Un intérieur ordonné est absolument nécessaire, aussi : 

  • Ne laissez rien traîner dans les endroits de passage, rangez les câbles électriques le long des plinthes;
  • Ne surchargez pas vos étagères et placards, n’empilez pas les objets, et évitez les rangements en hauteur;
  • A chaque type de produit : un lieu défini. Des repères complémentaires peuvent être utiles (étiquettes en gros caractères ou contrastes tactiles);
  • Faites attention de bien refermer les récipients;
  • Pensez à maintenir portes et fenêtres totalement ouvertes ou totalement fermées. 

Un équipement adapté diminue le risque d’accident, ainsi :

  • Les fenêtres coulissantes permettent d’éviter les chocs avec les arêtes saillantes;
  • Garde-corps aux fenêtres, balcons et escaliers sont une sécurité et un repère;
  • Les robinets thermostatiques évitent les brûlures;
  • Au quotidien, préférez les boîtes de conserve à ouverture facile et les pastilles de lave-vaisselle en sachet hydrosoluble, qui évitent les contacts avec des produits corrosifs.

 Certaines pièces sont à sécuriser en priorité

  • La cuisine:
  • Privilégiez des ustensiles coupants bien aiguisés, ils ne déraperont pas;
  • Rangez les manches vers vous;
  • Couvrez les casseroles lorsqu’elles sont sur le feu, et orientez toujours la queue vers l’intérieur;
  • Privilégiez l’électroménager équipé de boutons avec des repères en relief ou à crans, et disposant d’un système de sécurité (ex : pour une gazinière, arrêt du gaz si la flamme s’éteint);
  • Débranchez les appareils une fois l’utilisation terminée;
  • Privilégiez un four à tiroir qui permet d’éviter les brûlures.
  • La salle de bains:
  • Pensez à mettre des tapis antidérapant contrastés dans la douche et dans la baignoire, comme au sol;
  • Pensez aux barres d’appui qui vous seront particulièrement utiles dans cette pièce;
  • Pensez à débrancher les appareils électriques après les avoir utilisés;
  • Rangez les médicaments dans un lieu précis, et laissez-les dans leur contenant d’origine.

Source : brochure MACIF sur la prévention des accidents de la vie courante

Conclusion

Les répercussions d’une atteinte visuelle sévère sont très variables d’une personne à l’autre. Elles demeurent toujours difficiles à appréhender et à comprendre même pour l’entourage proche.

Elles ne se traduisent pas uniquement par des  difficultés dans la lecture et l’écriture !!

Les personnes en situation de handicap visuel peuvent bénéficier d’une réadaptation par des équipes de professionnels spécialisés dans ce domaine. Cette réadaptation n’a pas pour but d’améliorer leur vision mais de leur permettre de mieux vivre leur quotidien en travaillant sur la vision restante, les autres sens, l’acquisition de nouveaux savoir-faire et savoir-être et l’adaptation de leur environnement.

Vous pourrez trouver davantage d’information sur le livre suivant :

« Quand la malvoyance s’installe ». Guide pratique à l’usage des adultes et de leur entourage. Edition INPES, collection Varia, 2008. A Saint Denis (93). 

Cet ouvrage de 160 pages en caractères agrandis est distribué gracieusement par l’INPES et/ou consultable sur internet sur le site suivant 

http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1161.pdf