PRESTATIONS DE L’ASSISTANT DE SERVICE SOCIAL

 

Le temps d’évaluation

Dans ce temps, l’Assistant de Service Social (ASS) a pour objectif de cerner les caractéristiques sociales et/ou professionnelles de la personne et de déterminer la nécessité d’un accompagnement dans l’accès aux différents domaines suivants :

-          Démarches administratives et moyens de financement,

-          Dispositifs d’aide humaine,

-          Loisirs, transports et organisation de la vie quotidienne,

-          Logement et alternatives à la vie à domicile,

-          Procédures juridiques,

-          Accompagnement à la formation et à l’emploi.

Afin de déterminer le contenu de cet accompagnement, l’évaluation de l’Assistant de service social  s’effectue au travers le plus souvent de deux entretiens « physiques » avec la personne, le premier lors de son premier contact avec le service en binôme avec le médecin, le deuxième après réunion de synthèse avec l’équipe, donc quand la personne a rencontré tous les professionnels du service. Ces deux rencontres peuvent être complétées de façon très personnalisée par une visite du domicile, des entretiens téléphoniques avec l’usager et/ou des entretiens avec des partenaires extérieurs.

En effet, l’évaluation dans ce domaine représente la rencontre avec la personne  en  incluant la dimension cadre de vie, tant matériel qu’humain. Elle permet ainsi de visualiser son  parcours de vie et d’apporter des éléments pertinents aux réadaptateurs sur :

-       Son état civil

-       Son environnement familial et le fonctionnement de cet environnement

-       Son parcours de vie incluant la dimension travail, notamment  si elle est en activité

-       Ses relations sociales

-       Son cadre de vie (logement, hygiène de vie)

-       Sa dynamique de vie (loisirs, centre d’intérêt)

-       Sa qualité de vie et en particulier ses ressources. 

Elle va donc permettre aux autres professionnels, réadaptateurs mais aussi psychologue d’inscrire leur travail  dans une dimension sociale concrète. Pour l’Assistant de Service Social va se profiler une photographie à l’instant T correspondant à ce temps d’évaluation. Lors de ce temps, l’entretien s’orientera vers une question centrale :

Comment la personne s’est-elle adaptée par rapport à la déficience visuelle ?

A-t-elle fait appel à un dispositif d’aide humaine, d’aide technique ?

A-t-elle fait appel à un aidant familial, à un réseau social ?

La DV entraîne-t-elle une situation d’isolement, des difficultés relationnelles dans le couple, dans la fratrie, avec les amis… ?

Fin d’évaluation 

Cette évaluation sociale est très importante car elle permet de pointer les difficultés exprimées par la personne, comprendre comment la déficience visuelle intervient dans ces problématiques, et les mettre en lien.

Lors de ce temps, l’assistant de service social accompagnera la personne dans l’expression de ses difficultés, au travers d’une écoute attentive et active. En effet, au travers des éléments apportés par le médecin, il sera en  capacité de :

  • Etablir le lien entre les doléances exprimées par la personne et son atteinte visuelle ;
  • Faire émerger tout au moins une partie des difficultés ;
  • Appréhender « schématiquement » lors de cette première rencontre la place de l’environnement de proximité et au-delà, le regard que porte la personne sur son degré d’autonomie et sa vie sociale.

Il pourra ainsi accompagner la personne dans la  formulation de  son projet de vie ; et si le choix de la personne se pose sur un accompagnement au maintien ou à la recherche d’une meilleure autonomie ou d’une prise de conscience d’une nécessaire évaluation de ses possibilités d’autonomie, en accord avec elle, elle lui proposera un accompagnement par le SAMSAH.

Il est à noter que l’Assistant de service social initiera dès ce temps, la mise en place de toute démarche lui paraissant représenter une « urgence » sociale pour la personne, ce, en accord avec le médecin.

Plan de prise en charge ou d’accompagnement 

Ce plan d’accompagnement sera déterminé en fin de cette phase d’évaluation, quand la personne aura rencontré tous les professionnels du service. En effet, si des demandes ont pu déjà émerger lors du premier entretien, c’est à la fin de ce temps que pourra être déterminé le contenu de cet accompagnement social qui s’inscrit nécessairement dans un travail d’articulation partenariale.

Trois solutions sont possibles :

  • La personne ne relève pas du deuxième temps d’accompagnement, mais l’assistant de service social  a identifié  l’existence d’une  problématique sociale. Il proposera en conséquence une orientation vers un partenaire à la personne.
  • La personne ne relève pas du deuxième temps d’accompagnement, mais l’Assistant de service social a identifié une problématique en lien direct avec la déficience visuelle et relevant pratiquement exclusivement de sa compétence (comme par exemple l’aide au financement d’une aide technique). En ce cas, il orientera la personne de façon très personnalisée vers le partenaire en lui transmettant tous les éléments nécessaires à l’aboutissement de la démarche, voire dans les cas difficiles, il proposera au partenaire de se remettre  en contact avec elle afin de l’aider à la résolution de la démarche.
  • La personne relève d’un deuxième temps d’accompagnement. En ce cas, il convient de noter que contrairement aux autres professionnels, il est difficile de quantifier le temps de la prise en charge dans ce domaine  car elle :
    • Peut évoluer dans le temps de la réadaptation
    • Est étroitement liée à la prise en charge des professionnels réadaptateurs
    • Dépend fortement de l’articulation avec le maillage partenarial mis en place

Temps d’accompagnement médico-social

Les champs de cet accompagnement sont multiples et variés, pouvant aller du conseil administratif, juridique, social et financier, à la mise en place de dispositifs d’aide humaine, en passant par la recherche de financement pour de l’aide technique ou un aménagement du logement. Mais, comme dans tout accompagnement social, cette prise en charge est dans la majorité des cas sous-tendue par des démarches administratives dont les objectifs doivent être précis, c'est-à-dire, avoir conscience de la raison pour laquelle une  démarche est à mettre en place.

Et ne jamais oublier que :

  • Face à ces démarches, la personne est en général souvent désemparée, ce d’autant plus que la déficience visuelle majore toute difficulté dans la gestion des documents administratifs. 
  • Il existe toujours un facteur temps incompressible, entre le moment où la démarche est envisagée et celui où elle aboutit, notion particulièrement importante dans le domaine du financement des aides techniques.
  • La mise en place de la plupart des démarches nécessite le regard conjoint de l’Assistant de service social et du médecin et/ou d’un autre professionnel du service.

Afin de simplifier la compréhension de cet accompagnement social, nous le décrirons à partir des démarches administratives nécessaires à sa mise en place. Elles relèvent de trois champs :

  • Faire reconnaître le handicap

Afin d’ouvrir des droits et de permettre à la personne de bénéficier de certaines prestations. En effet, et comme dans tout handicap, les personnes déficientes visuelles ne peuvent accéder aux différents dispositifs sociaux visant à améliorer leur qualité de vie que suite à ces démarches. Elles concernent  la détermination du taux d’incapacité dans toute situation, et de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé dans le cadre de l’emploi.

  • Favoriser à tout prix le maintien de la personne en activité, dans son poste de travail ou l’orienter vers un autre poste  de travail ou une formation, voire l’accompagner dans la procédure d’arrêt d’activité si aucune des autres possibilités n’est envisageable. 

Le droit du travail est extrêmement complexe et en perpétuelle évolution d’où la nécessité encore plus que dans d’autres situations, d’établir un réseau de professionnels très spécialisés dans ce domaine et qui sauront manipuler la règle de droit adéquate à la situation particulière de la personne.

Dans ce domaine, chaque cas est particulier du fait de l’interaction de nombreux paramètres, tels : l’atteinte visuelle en elle-même, l’approche psychosociale de la personne avec les motivations qui lui sont propres, l’état de ses ressources, son âge, le milieu de travail dans lequel elle évolue, son milieu familial et son entourage proche…

Dans le cas où un patient est en difficulté dans l’emploi qu’il occupe, du fait d’une atteinte visuelle qui risque d’engendrer une situation de handicap, il faut penser à mener de front la prise en charge soins, voire réadaptation, et la prise en charge socio professionnelle et il convient d’agir au plus vite afin que le patient ne soit pas privé de ses droits.

En effet, il faut toujours garder à l’esprit qu’il est infiniment plus difficile pour une personne de bénéficier d’un retour à l’emploi que d’être maintenue dans son emploi et que de plus le marché du travail se réduit de façon très significative dès l’âge de 47 ans.

  • Optimiser le maintien à domicile dans les meilleures conditions voire le passage en institution lorsque ce dernier n’est plus possible.

L’optimisation du maintien à domicile repose sur :

L’attribution de prestations :

Les prestations les plus fréquemment retrouvées sont les suivantes et concernent :

  • D’une part, des Prestations destinées à compléter  les ressources de la personne : AAH, majoration pour la vie autonome (MVA), pension d’invalidité …
  • D’autre part, des Prestations destinées à compenser le handicap. : PCH, (Prestation de Compensation du Handicap  APA, (Allocation Personnalisée d’Autonomie), Aide-Ménagère…

En effet, suivant les dispositifs sociaux dont relève la personne, mais toujours dans ce double objectif, d’autres prestations sont possibles.

Cette compensation du handicap peut ainsi se réaliser au travers d’un dispositif d’aide humaine et/ou au travers d’un financement d’aide technique (optique, informatique, lumineuse, dédiée à la vie journalière) et/ou d’un transport et/ou d’une adaptation du logement.

L’accompagnement de la personne dans l’organisation de sa vie quotidienne et sociale

En effet, au-delà de l’accompagnement dans des démarches administratives visant à l’obtention de prestations et la recherche de financements, l’accompagnement social  inclut:

  • L’accompagnement dans la réalisation concrète de ces prestations comme la mise en contact avec le dispositif d’aide humaine adéquat au regard de la déficience visuelle dans le cadre du plan d’APA par exemple. En effet, la mise en place d’une aide humaine au domicile pour une personne malvoyante peut exposer à deux difficultés :
    • Obliger la personne à se poser en tant que personne handicapée avec des incapacités liées à son atteinte visuelle et nécessité de recours à un tiers
    •  Méfiance vis-à-vis de ce tiers du fait même de cette atteinte visuelle
  • L’accompagnement dans toute problématique sociale en lien avec sa déficience visuelle à savoir :
    • L’accès à l’adaptation du logement et/ou de l’environnement en aidant la personne à se mettre en relation avec des professionnels spécialisés afin par exemple d’aménager sa salle d’eau,cuisine. 
    • L’accès aux loisirs et la lutte contre l’isolement en orientant, voire accompagnant la personne vers les structures adétout en la redynamisant dans cette démarche. Suivant la personne concernée, le professionnel devra savoir trouver le juste équilibre entre le secteur exclusif au domaine de la DV (comme l’AVH ou les Cannes Blanches par exemple) et le secteur loisir en général. Il est à noter que la demande concernant les loisirs intervient souvent dans un deuxième temps, mais qu’à contrario, une proposition concernant les loisirs peut représenter le premier « déclic »  permettant à la personne de concrétiser un avenir possible avec le handicap.
    • L’accès aux transports par la recherche de solutions afin que la personne déficiente visuelle puisse s’organiser  dans ses déplacements.
    • Voire l’accompagnement dans une procédure juridique en lien avec la déficience visuelle, comme une procédure de divorce par exemple ou une garde d’enfant.

Enfin, dans le cas où du fait de l’aggravation de la situation de handicap, le maintien à domicile n’est plus possible (sécurité mal assurée, isolement insoutenable…) la personne peut avoir besoin d’un soutien dans le choix de la structure adaptée.

Notion d’urgence ou plutôt de priorité: quand la personne est seule en situation d’isolement, notion de danger et de précarité.

La transversalité

Comme nous l’avons indiqué, le travail de l’ASS s’inscrit très fortement dans un étroit maillage partenarial tant avec les autres professionnels du service qu’avec des partenaires extérieurs avec lesquels les modalités ainsi que le contenu de partenariat sont  régulièrement réactualisés. De surcroît,  ce partenariat s’étoffe régulièrement au travers des problématiques diverses que rencontrent les personnes accompagnées. Comme ce partenariat a pour dimension principale l’accompagnement à l’autonomie, nous avons choisi de l’illustrer au travers d’un tableau  que  vous retrouverez dans le chapitre partenariat : secteur handicap. Cet accompagnement à l’autonomie inclut tant les partenaires relevant du champ de  la compensation de la perte d’autonomie que ceux relevant de la redynamisation du  lien social.  En effet, dans l’objectif d’un maintien ou d’un retour à l’autonomie, apporter des réponses pratiques aux bénéficiaires du SAMASH  demeure une priorité. Ainsi, tous les partenaires  utiles à leur « mieux être » intègrent cette dimension.

Afin de finaliser les prestations de l’AS, il est important de rappeler les éléments suivants :

  • L’intégration de l’assistant de service social au sein d’une équipe pluridisciplinaire spécialisée optimise  l’approche sociale de la personne dans sa globalité ;
  • L’importance de l’articulation de ce travail social avec d’autres dispositifs (toujours en complémentarité, jamais en superposition avec eux) demeure fondamentale tant dans :

                        Le temps d’évaluation de la perte d’autonomie ;

                        Que pendant le temps d’acquisition des techniques réadaptatives ;

Que lors de la sortie du service, notamment afin de permettre la  pérennisation de l’intégration sociale de la personne, (« travaillée » avec elle au cours de son accompagnement dans le service).

Enfin, au regard de cet accompagnement social, deux points restent à souligner :

  • La déficience visuelle demeure un handicap méconnu dont les répercussions psycho-sociales sont souvent minimisées par la société.
  • L’intégration sociale d’une personne déficiente visuelle ne peut se faire sans un étroit maillage entre l’acquisition de techniques réadaptatives et l’utilisation des dispositifs de compensation.